1968, en Australie, rien ne change et l’océan est bien trop grand
pour recevoir la moindre effluve de révolte. Malcolm, âgé
de 15 ans, quitte l’école et sa réputation de bagarreur pour
entrer à l’usine.
Il est technicien de maintenance pour machines à coudre dans une fabrique
de soutiens-gorge. Les journées sont longues, mais les soirées
sont belles lorsqu’elles se passent en répétitions avec différents
groupes locaux. Il admire son frère Georges qui lui a donné le
goût de la guitare.
1971, ayant rejoint le groupe Velvet Underground, Malcolm peut enfin quitter
l’usine pour se consacrer à la musique. Mais cela ne lui suffit
pas : il lui faut son propre groupe. Il décide de quitter le Velvet avec
une idée très précise de ce qu’il ne veut pas : ni
rock progressif, ni post-production ; aucune concession aux modes du moment
et surtout aucune envie de retourner à l’usine…
Les principes sont donnés, mais il manque encore un groupe, il manque
encore un nom. Malcolm pense d’abord à une formule batterie, basse,
piano, guitare, où il serait seul guitariste, avant de remarquer le jeu
de plus en plus affirmé de son jeune frère, Angus, à la
guitare lead. Malgré les réserves de leur père qui craint
leurs disputes, Malcolm et Angus décident de jouer ensemble : AC/DC est
né.
« Hell ain’t a bad place to be »
Malcolm est le fondateur du groupe dans tous les sens du terme, à la
fois origine et fondation. Chaque morceau d’AC/DC est d’abord construit
par et autour de la rythmique de Malcolm. Cela n’enlève rien au
talent d’Angus et des autres, et Angus est le premier à reconnaître
qu’il ne peut véritablement s’exprimer qu’au sein d’AC/DC,
c’est-à-dire soutenu par la guitare rythmique de son frère.
Angus et Malcolm forment une paire (d’as) inséparable. Inséparable
lorsqu’ils rejoignent les Rolling Stones en 2003 sur « Rock me baby
». Indispensable, lorsque le légendaire Keith Richards qualifie
la section rythmique d’AC/DC de meilleure au monde.
Angus dans la lumière, mais toujours soutenu par l’ombre de Malcolm.
Et quand Malcolm vient sur le devant de la scène, il soutient les refrains
de sa voix si particulière qu’on la croirait sorti des brumes de
son Écosse natale. Il suffit d’écouter Live Wire, Highway
to hell ou Dirty deeds done dirt cheap pour s’en convaincre ou s’en
rappeler.
Malcolm et Angus sont les deux faces d’une même pièce qui,
années après années, prend plus de valeur. Sur l’album
Stiff Upper Lip, ils s’amusent même parfois à brouiller les
cartes en échangeant leurs places respectives.
Entre sa place à l’Usine, coincée entre deux machines, et
sa place si particulière au sein d’AC/DC, l’océan, autrefois
si grand, a été franchi tellement de fois, que le groupe que voulait
Malcolm est devenue l’un des plus grand groupe de l’histoire du Rock.